Les efforts de l'homme pour se procurer de la joie sont parfois dignes de l'attention du philosophe, écrit Victor Hugo dans L'Homme qui rit. Comme les autres romantiques, il fait pourtant peser un énorme soupçon sur le rire et sur la gaieté. Les rictus omniprésents sous sa plume et celle de ses contemporains appartiennent tant au sadisme qu'à la souffrance, tant au bourreau qu'à sa victime.
Alors que notre époque se montre friande de bonne humeur, de fêtes, de festivals, Victor Hugo et ses contemporains des quatre coins de l'Europe jugent que la joie est mal à-propos, elle qui résonne au milieu des souffrances populaires. Il peut lui arriver de sourire ou de verser des larmes, mais le héros hugolien ne rit pas, sauf si on l'y oblige.
Doit-on encore lire les romantiques aujourd'hui? Oui, parce qu'ils nous rappellent qu'il faut résister à la dictature contemporaine de l'allégresse, du rire de force. Voilà pourquoi Rictus romantiques se termine par un « Éloge de la mauvaise humeur ».
Après des études doctorales à l'Université McGill, Maxime Prévost est actuellement chercheur postdoctoral au Département d'études françaises de l'Université de Montréal. Il a publié des articles dans Discours social, Littératures, Neophilologus, Nineteenth-Century French Studies, Studi Francesi. Rictus romantiques est son premier livre.
- Table des matières
- Pénombres du rire romantique
- I. Gaieté perverse et rire de force
- II. Discours de la Méthode
- La philologie revisitée
- Topologie du topos
- Du personnage comme lieu commun
- De la source au rapprochement
- Hugo, ce méconnu
- PREMIÈRE PARTIE: LA GAIETÉ PERVERSE
- CHAPITRE 1 Le monstre et le bourreau: Han d'Islande
- Le choix du noir
- L'horreur de l'histoire
- Physiologie du monstre
- Physiologie du bourreau
- CHAPITRE 2 Le prêtre, le brigand et la foule: Notre-Dame de Paris
- «Le livre le plus abominable jamais écrit»
- Physiologie du prêtre
- Physiologie du brigand
- Physiologie de la foule
- La foule, embryon du Peuple
- CHAPITRE 3 Le bouffon de cour: Le Roi s'amuse
- La bataille du Roi s'amuse
- Destinées clownesques
- Physiologie du bouffon de cour
- Triboulet, le bouffon qui ne fait rire personne
- L'embryon du rire de force
- DEUXIÈME PARTIE: LA TRISTESSE DES JUSTES
- CHAPITRE 4 Le tyran, le soldat et le peuple: Napoléon le Petit, Châtiments, Histoire d'un crime
- Littérature et politique mêlées
- Les années 1852 et 1853
- Physiologie du tyran
- Physiologie du soldat
- Physiologie du Peuple
- CHAPITRE 5 Le forçat, la fille de joie, le gamin et le policier: Choses vues, Les Misérables
- L'horreur du présent
- Sue, Hugo et le peuple
- L'extension du domaine populaire
- L'année 1862
- Physiologie du forçat
- Physiologie de la fille de joie
- Physiologie du gamin
- Physiologie du policier
- «Par le fait des lois et des mœurs»
- TROISIÈME PARTIE: LE RIRE DE FORCE
- CHAPITRE 6 Le Diable: La Fin de Satan
- Physiologie du Diable
- Métaphysique du rire satanique
- Politique du rire satanique
- CHAPITRE 7 L'écrivain: William Shakespeare
- Le manifeste littéraire du xix[sup(e)] siècle
- Physiologie de l'écrivain
- La formation du peuple
- Figures du sacre
- Contre-figures
- Ces «vérités pas bonnes à dire»
- CHAPITRE 8 Le saltimbanque et l'orateur: L'Homme qui rit
- La grande cime
- Ode à la gaieté perverse
- Apothéose du rire de force
- Consentement de la victime et rébellion
- Physiologie du saltimbanque
- Physiologie de l'orateur
- Gwynplaine stoïcien
- Éloge de la mauvaise humeur
- De la gaieté perverse au rire de force
- Rire pour vrai
- Pour une topique historique
- Que peut la littérature?
- Textes cités
- Index