En dépit de l’intérêt marqué pour les textes autobiographiques depuis le début des années 1980, le journal intime continue de faire piètre figure, non seulement en tant qu’objet d’étude, mais aussi en tant que pratique littéraire. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où le portrait du genre dressé par les théoriciens demeure, aujourd’hui encore, essentiellement négatif : genre sans forme, sans histoire et sans littérature… Il est ainsi un enfant mal-aimé des études littéraires et parfois des écrivains eux-mêmes.
C’est en réponse à ce discours réducteur que cet ouvrage propose de revoir et de réévaluer un certain nombre de lieux communs sur le genre et d’en montrer la poétique, en postulant qu’il s’agit d’un genre littéraire à part entière. En parallèle, l’auteure offre un portrait fouillé des journaux publiés au Québec sur presque trois siècles. De ce panorama émergent ainsi différentes figures « d’écrivains-diaristes » et de « diaristes-écrivains » dont les œuvres, souvent méconnues, signalent la complexité des enjeux esthétiques et éthiques soulevés par l’écriture et la mise en scène de soi.
Manon Auger est agente de recherche à l’UQAM, chargée de cours et chercheure. Elle a publié plusieurs articles sur divers journaux intimes québécois. Ses champs de spécialité sont la littérature québécoise, les écritures (auto)biographiques, ainsi que les enjeux de la littérature et de la création littéraire contemporaines.