L'ambition de ce livre est de proposer un regard nouveau sur le Guzmán de Alfarache et le Quichotte. Il adopte pour cela un angle d'attaque singulier qui consiste à étudier ces deux chefs d'œuvre du Siècle d'or en regard de leurs Secondes parties apocryphes. Les Premières parties du Guzmán et du Quichotte ont en effet donné lieu à des continuations d'autres auteurs, parues respectivement à Valence, en 1602, et à Tarragone, en 1614, alors qu'Alemán et Cervantès préparaient eux-mêmes des suites de leurs romans. Si, de ce fait, l'entreprise littéraire de ces écrivains concurrents s'apparente à une imposture, elle comporte cependant une part remarquable de création : Luján et Avellaneda introduisent tous deux des innovations qui ne sont pas des maladresses ou des « erreurs ». De surcroît, leurs projets romanesques stimulent la créativité des auteurs originaux, qui sont contraints de remanier — voire de réécrire — leurs propres Secondes parties. C'est la fécondité et la richesse de ces différentes interactions romanesques que cet ouvrage aimerait mettre en lumière.