Par petites touches impressionnistes, ciblées et bien croquées, Soufiane Ben Farhat nous présente dans ce roman un portrait de la société tunisienne post 2011. L’analyse sans complaisance d’une société en crise, malade et désabusée, sans repères où tous les dévoiements sont permis : le bilan d’une décennie de chambardements. Le narrateur, n’échappant pas à la crise de la cinquantaine, est un homme solitaire, tourmenté, désespéré de voir l’intelligence et ses références culturelles balayées par la bêtise, l’imposture et les certitudes. La vraie réussite romanesque tient aux deux personnages féminins, la princesse berbère terrienne et la femme de la mer en rupture de ban par lesquelles le narrateur se dévoile. Ces deux femmes libres lui donnent l’occasion de nous révéler sa vérité. Seule l’écriture peut tenter de surmonter la folie actuelle. Ce roman du désenchantement est une belle tentative de rester vivant.