Le statut des corps dans la métaphysique de Leibniz continue de résister à tout effort de reconstitution. Qu'il n'y ait au monde que les substances simples et leurs modifications ne présente plus l'évidence d'une position philosophique achevée. Dans le meilleur des mondes possibles, les âmes ne sont jamais sans corps et la moindre portion de matière renferme un univers de créatures vivantes. Au moment même où Leibniz semble embrasser une position « idéaliste » en peuplant le monde d'une infinité d'entités psychiques, ne développe-t-il pas le concept d'organisme comme en marge de cette métaphysique?
« For [English] readers who might ask themselves whether reading a book in French is worth their while, the most pertinent point is this: for any Leibniz scholar, this book offers a wealth of information and insights into Leibniz’s approach to the metaphysics of organic beings. It is a highly recommended read. » – Ohad Nachtomy - The Journal of the History of Philosophie (avril 2014)
Jeanne Roland, agrégée et docteure en philosophie, est spécialiste de philosophie moderne. Elle a publié divers articles sur le vivant et le rapport de l'âme et du corps chez Leibniz. Elle est actuellement professeure de philosophie en terminale au Lycée Romain Rolland à Goussainville
- Remerciements
- Note bibliographique
- Introduction
- CHAPITRE I. Substance individuelle, substance corporelle et corpsorganique dans les années du Discours de Métaphysique
- I. Y a-t-il des substances corporelles: élaboration d’une question non-dualiste
- A. Le phénomène est-il l’autre de la substance?
- 1. Positions de la difficulté
- Le phénomène entre événement et agrégat: «idéalisme ou réalisme»?
- Phénomènes et substance individuelle: la critique conjointe de la res extensa et de la res cogitans
- 2. Degrés de réalité phénoménale et commerce entre esprits
- La démarcation intra-perceptive du réel et de l’imaginaire: le critère de «la série totale d’une vie»
- B. La formulation de l’alternative: phénoménalité ou substantialité des corps
- 1. Les différents types d’agrégats
- Multiplicité de l’agrégat, unité substantielle
- Statuts de l’agrégat à l’égard de ses ingrédients
- L’être par agrégation opposé à une unité complexe: la réalité humaine
- 2. Si les corps ne sont qu’étendue, alors ils ne sont que des phénomènes
- Pourquoi l’étendue ne peut constituer la substance des corps
- Si les corps sont des substances: la réhabilitation des formes substantielles
- La forme substantielle comme analogue de l’âme: une composition duale de la substance corporelle?
- II. Substance individuelle et corps organique
- A. Les conditions de l’inscription corporelle de la substance individuelle
- 1. L’unité de l’action et de la passion au fondement de l’individualité: avoir un corps
- Définition de la substance, question des formes substantielles dans leDiscours de Métaphysique: le statut problématique de l’anneau de Gygès
- S’attribuer un acte, avoir un corps
- Détour: versions leibniziennes du cogito. Le statut du corps propredans l’expérience de soi
- 2. Les conditions d’émergence du concept de corps organique dans la correspondance avec Arnauld
- Connexions du moi, concomitance, formes substantielles: imbrication des questions jusqu’à la lettre d’Arnauld du 28 septembre 1686
- L’âme comme modèle de la forme substantielle?
- B. La composition organique du corps propre
- 1. Les formes substantielles: unités au fondement des corps
- Le corps de la substance individuelle est organique (Lettres à Arnauld du 30 avril et du 9 octobre 1687)
- Individualités animales: la division du corps comme conditionde l’unité substantielle
- Note sur l’image des bandes de musiciens dans la lettre du 30 avril 1687
- 2. L’organique: composition matérielle et substance vivante
- La dispute avec Fardella: la nature des unités requises dans le corps
- L’organique entre la machine et le vivant
- CHAPITRE II. De la substance individuelle à l’organisme
- I. La constitution harmonique du rapport de l’âme et du corps depuis le concept de machine de la nature
- A. Machines de la nature et nature de l’âme dans le Système Nouveau de la Nature et de la Communication des Substances (1695)
- 1. Les formes substantielles et la question de l’âme des bêtes
- Le versant atomistique des formes substantielles
- L’âme: pluralité et singularité
- 2. Organisation, organicité: art et nature
- «Organisé», «organique»
- Les traits distinctifs des machines de la nature
- 3. L’hypothèse de «l’harmonie préétablie» formulée depuis le concept de machine de la nature
- «Comme rejeté en pleine mer»
- «Dieu a d’abord créé l’âme…»
- … le statut du corps et la constitution originaire de l’unité expressive. Conséquences pour le concept de machine de la nature
- 4. La substance corporelle pensée depuis le concept de machine de la nature
- La composition de la substance corporelle et le nouveau statutde l’agrégat: la matière seconde
- L’intelligibilité non-dualiste des rapports de l’âme et du corps dans la substance corporelle
- La critique de l’hypothèse lockienne d’une matière pensanteet les dispositions machiniques de la pensée
- B. Les fondements organiques de l’identité individuelle dans les Nouveaux Essais sur l’Entendement humain
- 1. Le concept de corps organique contre le dualisme de Locke
- L’âme pense toujours: perceptions et corps insensibles
- Enjeu majeur du chapitre II, 27 des Nouveaux Essais: la définition de l’individualité vivante
- Organisation et «principe de vie subsistant»
- 2. Les marques organiques de l’individualité
- La fiction leibnizienne de la fille de roi changée en perroquet
- Les fondements du corps propre et la critique leibnizienne des puzzling cases de Locke
- Les conditions d’une détermination spécifique de l’individuet le recours à la «figure corporelle»
- II. Du corps organique à l’organisme
- A. L’organisme comme «ordre et artifice», essentiel «à la matière produite»
- 1. L’exposé du concept d’organisme dans la correspondance avec Lady Masham
- Harmonie préétablie et créatures organiques
- Organique et organisme
- En quel sens l’organisme est-il «essentiel» à la matière?
- 2. Organicité et natures plastiques
- Les convergences problématiques entre Leibniz et Cudworth
- Contre les natures plastiques : l’intelligibilité mécanique de l’organisme
- Les actions «vitales»: danse, musique et géométrie
- B. L’organisme comme mécanisme et «rapport général de toutes choses»
- 1. Organisme et vie dans l’échange avec Stahl
- La vie comme propriété de l’âme?
- L’organisme comme concept mixte
- L’unité de l’organicité et de la vie
- 2. L’organisme comme «rapport général de toutes choses»
- «Le principe de raison»
- Le fragment Du Rapport Général de toutes choses: de la substance corporelle à la monade
- Conclusion: organisme et constitution de l’individualité
- CHAPITRE III. Monades, corps organiques, individus
- I. La Monadologie: une pensée de l’organique
- A. Du composé à l’agrégat: la tension initiale
- 1. La monade comme substance «qui entre dans les composés»
- Une lecture des premiers articles de la Monadologie
- «Il y a des composés»
- La «simplicité» monadique
- 2. La monade est-elle un individu?
- L’irréductibilité de la monade à la «substance individuelle» et sa nécessaire inscription corporelle
- Lecture de l’article 17: l’individualité problématique de la «machine» dont la structure fait penser
- La thèse monadologique, une pensée du corps organique
- B. Vers le concept de monade dominante
- 1. Ce qui fait la dominance des «esprits»
- La monade dominante du corps et la dominance des esprits
- Degrés de dominance, degrés d’individualité?
- 2. L’appartenance particulière du corps à l’âme et la composition organique
- L’organicité comme appartenance en devenir
- Le corps organique: substance, agrégat, individu?
- En deçà de l’individualité: le grouillement organique de la matière
- II. La monade dominante et l’unité du composé
- A. Substance vivante et substance composée
- 1. Vie et organicité
- Du corps organique au corps vivant dans la Monadologie: à quoi les monades sont-elles «subordonnées»?
- L’apparent «panvitalisme» des Principes de la Nature et de la Grâce
- Les rapports vie-mort: «devenir un individu»?
- 2. La thèse monadologique et l’invention du concept de «vinculum substantiale»
- Position du problème
- Entéléchie primitive, entéléchie adéquate dans la correspondance avec Des Bosses
- B. Le vinculum comme «signe» de la monade dominante
- 1. «Si la substance corporelle est quelque chose en dehors des monades»
- Le composé comme substantié
- Thèse monadologique et vinculum: une continuité profonde
- 2. Mise à l’épreuve du concept de monade dominante: substantié et individualité
- L’attache du vinculum à la monade dominante
- Articulation progressive du lien substantial à la substance individuelle vivante
- Lettres à De Volder: le statut de la monade dominante «dans» la machine et la question de l’union pensée depuis les forces dérivatives
- Conclusion
- Bibliographie
- I. OEuvres de Leibniz
- Éditions d’ensemble
- Éditions particulières, morceaux choisis
- II. Littérature secondaire
- Périodiques
- Études générales de l’oeuvre de Leibniz
- Études thématiques sur la philosophie de Leibniz et la pensée du vivant
- III. Autres auteurs
- De l’Antiquité au xviie siècle
- Période contemporaine
- Divers
- Index onomastique
- Index thématique
- Table des matières
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