Du tournant des années 1960 jusqu’au début des années 1980, une génération de cinéastes a œuvré au sein de l’Office national du film pour jeter les bases du cinéma québécois. L’auteure met l’accent sur la dimension communautaire du travail de ces cinéastes et sur le désir de communauté du public de cette époque. Grâce à une approche interdisciplinaire, elle dévoile les fondations d’une cinématographie de proximité qui fait une large place à la production de lien social. À l’issue de son enquête, elle fait ressortir l’inscription décisive de la socialité du don dans l’esthétique des films de cette période déterminante de l’histoire du cinéma québécois, et tout particulièrement dans ceux de Pierre Perrault.
L’étude de la cinématographie québécoise permet de comprendre la fabrication du film et sa réception comme une épreuve de la communauté que vivent les filmeurs, les filmés et les spectateurs. C’est toute l’expérience relationnelle à la base du documentaire qui est ici repensée comme composante esthétique du film.
Marion Froger est professeure adjointe au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Elle a codirigé deux ouvrages collectifs sur l’intermédialité, elle a publié des articles dans les revues Cinémas, Intermédialités, Visio et Possibles, et elle a contribué à plusieurs ouvrages collectifs sur le cinéma documentaire. Le cinéma à l’épreuve de la communauté est son premier livre.
- Table des matières
- Introduction
- Le contexte sociopolitique
- Les pratiques collaboratives
- La réception dans le milieu francophone
- L’expérience esthétique
- La communauté, en passant par le lien
- PREMIÈRE PARTIE: Institutions Sociales et Communautés
- Le lien social au Québec au tournant des années 1960
- L’État-providence
- Le choc du terrain
- L’enjeu démocratique
- Politique culturelle, structure de champ et société liminaire
- Première contradiction : art du documentaire et art documentaire
- L’ambiguïté des politiques culturelles fédérales
- Le Refus global contre la communauté
- Le commerce ordinaire
- Logique de champ contre société liminaire
- La construction du monde commun : espace et débat public
- L’auteur des documentaires : un acteur de l’espace public
- La place du documentariste dans le débat public
- Un espace public pluriel : la tentative perraldienne en Abitibi
- DEUXIÈME PARTIE: Pratiques, dispositifs et sémiotique
- Introduction
- Création collective et milieux alternatifs
- La communauté du film
- L’implication des personnes filmées
- Diffusion et usages des médias
- Les stratégies de diffusion et le gain de sociabilité
- Circulation des films
- Des modèles de sociabilité
- Le schème de la familiarité
- Le rapport de proximité
- Dispositifs de médiation
- La feintise
- La compassion
- Le ludique
- Sentiment de communion et bain communautaire
- La vulnérabilité
- L’enchantement
- La remédiation
- La sémiotique relationnelle
- Les signes
- Une génération d’agents, d’acteurs et de spectateurs
- Un corpus de films dans un réseau de signes relationnels
- Aspect relationnel de l’intertextualité
- Les signes de l’événement relationnel
- Ouverture et fermeture des réseaux sémiotiques
- Les indices
- Les adresses
- Dynamique de l’espace sémiotique commun
- TROISIÈME PARTIE: L’esthétique et l’épreuve de la communauté
- Sensibilité communautaire
- La théorie du reflet
- Une communauté en souffrance
- Nous, personnages / spectateurs
- Anthropologie du lien sur le terrain documentaire
- Le rapport de don entre le spectateur, le filmeur et le filmé
- Le cinéaste, la personne filmée et le spectateur en homo donator
- Le don du film
- Jugement esthétique à fondement éthique
- Jacques Derrida et Stéphane-Albert Boulais : la reconnaissance du film comme don
- La mise en récit du don
- Esthétique de la réception
- Conclusion
- Bibliographie
- Filmographie
- Index