Si pour bien des intellectuels le monde contemporain va trop vite - la vitesse hystérique de ce dernier n’ayant de cesse de leur couper la parole - Catherine Mavrikakis, elle, choisit de se laisser porter par cette vitesse et d’habiter le temps mondialisé, quand bien même il menacerait le rayonnement de l’écrit. Son essai, Condamner à mort, s’applique à penser, à partir de ces vitrines du vivre-ensemble que sont Internet et la télévision, les solutions qu’offre la loi pour gérer l’assassin : suppression des personnes, camisole chimique, enfermement. Car dans ces solutions et dans leurs réceptions diverses à l’écran, se donnent à lire les implicites à partir desquels le social est tissé. De Timothy McVeigh, le terroriste américain qui a fait exploser un édifice fédéral, à Aileen Wuornos, la prostituée meurtrière de l’Interstate 75 qui, comme lui, a succombé à la peine capitale, en passant par Andrea Yates, cette mère cinq fois infanticide, aujourd’hui emprisonnée et contrôlée médicalement, et Armin Meiwes, désormais sous les verroux, qui a mangé un homme rencontré par le biais d’Internet, Catherine Mavrikakis analyse des cas spectaculaires et dramatiques qui ont nourri la chronique durant les dernières années. Elle s’attache à fourbir des armes contre la peine de mort et plonge ici « dans ce temps de la simultanéité où, comme toute bonne nageuse synchronisée, elle s’efforce de garder le sourire et surtout de ne pas respirer ». Catherine Mavrikakis est professeure au Département d’études françaises de l’Université de Montréal. Elle est également romancière. Prix de l'essai Spirale Eva-Le-Grand 2006 Finaliste, prix littéraires du Gouverneur général, catégorie Études et essais, 2006 Prix Victor-Barbeau de l'essai de l'Académie des lettres du Québec, 2006