Jeune Normalien, ami de Romain Rolland, Paul Tuffrau fait toute la guerre 14-18 sur le front. Acteur réfléchi, observateur lucide, il décrit dans ses Carnets la fièvre de la mobilisation, les terribles batailles où il se trouve engagé — dans les secteurs de la Marne, de Soissons, en Artois, à Verdun, au Chemin des Dames... — et la dure vie des tranchées.
Paul Tuffrau sait voir, écouter, raconter et, en dépit de la réalité infernale, il garde son humanité. Au quotidien éprouvant, douloureux, se mêlent des moments de réflexion, de méditation, de rêveries... Malgré le feu des balles, des obus et des grenades, alors qu'il lui faut « marcher » pour avancer sur l'effroyable chaos de morts, il reste sensible à la douceur du printemps, au charme des villages traversés. Constatant à maintes reprises l'incompétence des généraux et l'inutilité des sacrifices, il ne retient pas ses larmes quand la mort frappe l'un des siens et éprouve la même compassion pour l'Allemand fauché trop tôt.
Remarqué par le général Mangin pour ses qualités de chef, il refusera d'être rattaché à l'état-major, et demeurera sur le front, avec ses hommes, jusqu'à la fin de la guerre. Paul Tuffrau sera démobilisé en mars 1919 : « La vie reprend, les choses sont les mêmes, nous seuls avons changé », écrit-il à son retour.