A la fin du Moyen Âge, on voit apparaître dans les villes d'étranges rituels d'exclusion — charivaris, exorcismes publics — destinés à évacuer les éléments indésirables de la cité, qu'il s'agisse des hérétiques, des sorcières, des juifs, des fous, des mendiants ou des prostituées. Au même moment, mais précédant souvent les faits, le théâtre médiéval s'épanouit et met en scène, dans les Mystères, les Jeux et les Sermons joyeux, ce rejet de l'Autre, généralement associé au diabolique.
Adoptant une démarche nouvelle, Jelle Koopmans montre que l'Histoire ne cesse de s'alimenter aux fictions littéraires : ainsi, bien avant que la véritable démonomanie n'apparaisse, représente-t-on au théâtre de multiples cas de possession. A travers de très nombreux textes, parfois mal connus, l'auteur étudie ces attitudes d'exclusion, mises en scène, puis exprimées dans le quotidien.
Ce livre précurseur — qui renouvelle notamment notre conception des grandes obsessions de l'homme médiéval — place la littérature au service de l'histoire des mentalités et enrichit ainsi considérablement notre vision du Moyen Âge.
Jelle Koopmans enseigne la littérature française du Moyen Âge à l'Université d'Amsterdam.