Blanche-Neige, Peau d'Ane ou la Belle au bois dormant sont pour nous autant d'images d'héroïnes douces, passives et soumises. Mais à y regarder de plus près, les contes se révèlent plus complexes et laissent apparaître des femmes au caractère hors du commun. Leur relation privilégiée à la nature, leur capacité à conduire l'homme à « maturité », leur pouvoir magique de guérison ou de divination en font un être fascinant et redouté. Prend-elle une quenouille ? Elle agit sur le fil du temps. Tisse-t-elle une toile ? Elle dispose de la trame de l'existence.
Femmes puissantes, trop puissantes... En réaction va naître le conte misogyne où la femme « dangereuse » deviendra notamment sorcière. Même la plus jeune et la plus innocente recèlera alors de diaboliques potentialités et il conviendra à l'homme de se montrer vigilant ! S'appuyant sur les contes populaires, mais centrant surtout son analyse sur les contes de Grimm, Perrault et Afanassiev, Mireille Piarotas montre que le conte évolue avec l'histoire des mœurs et des idées et constitue une sorte de témoignage social et ethnologique, nous livrant ainsi une véritable « histoire des femmes ».
Mireille Piarotas est maître de conférences de littérature française à l'Université d'Orléans.