Cilices, haires, disciplines sont les instruments oubliés d’une macération de la chair omniprésente dans le catholicisme tridentin, mais devenue complètement anachronique aujourd’hui. Chez les carmélites déchaussées de Thérèse d’Ávila qui sont au coeur de cet ouvrage, comme dans d’autres ordres religieux qui se caractérisent par leur austérité, on se flagelle avec vigueur et en déployant des trésors d’ingéniosité pour accroître ses peines, on ingère des immondices pour signifier sa déchéance, on fait couler le sang en abondance pour se réclamer de l’imitatio Christi, ou pour édifier ou impressionner les autres. Loin de vouloir mettre en avant les pires images de la légende noire espagnole, ce livre s’attache à dégager les logiques spirituelles, culturelles et sociales de ce dolorisme assumé mais complexe et contradictoire.