Einstein : président d’Israël en 1952 ? La proposition de Ben Gourion fut bien réelle mais aussitôt poliment refusée par le grand homme… Pourtant, la tête dans les étoiles, le physicien de génie n’en fut pas moins un témoin et un acteur important des événements tragiques de son siècle.
Juif allemand né en 1879, renonçant à sa nationalité dès 1896, il fuit, avec un étonnant pressentiment, la société bismarckienne qu’il juge répressive et militariste. Peu concerné par le judaïsme, et, sans la moindre complaisance identitaire, il réprouve avec force tous les nationalismes. Mais dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il dénonce auprès de Roosevelt le massacre programmé par les nazis et, avec une énergie farouche, tente de protéger les « membres sa tribu », selon son expression. Face à la violence des persécutions, sous la pression de l’urgence, cet internationaliste convaincu se rapprochera peu à peu du sionisme. Cependant, au plus fort de la tourmente de l’après-guerre, jamais il n’oubliera le droit des Arabes ni n’occultera le caractère dramatique de la fondation de l’État d’Israël.
S’appuyant sur de nombreux documents inédits, notamment sur les archives Einstein de Jérusalem, Simon Veille éclaire d’un jour nouveau la personnalité du célèbre savant : homme d’influence accueilli par des foules enthousiastes, il n’a jamais recherché le pouvoir. Ce désintéressement peu commun, mais surtout la justesse étonnante de ses intuitions politiques et la dimension éthique de son engagement font de lui, aujourd’hui encore, une référence au sein du chaos, lui conférant aux yeux de tous une véritable aura de prophète.
Simon Veille est historien, et travaille actuellement à un ouvrage sur la correspondance d’Albert Einstein et de Stephen Wise.