«Dans un village, à côté d'un shtetl, vivait un pauvre Juif avec sa femme et son petit garçon.» Ainsi commence la première histoire de ce recueil de contes collectés en 1931, auprès de Juifs émigrés d'Europe de l'Est, par Yehuda Leyb Cahan.
Exclusivement puisés dans la tradition orale, ces récits ne mettent pas en scène des figures bibliques ou pieuses. Pas d'Isaïe, ni de Moïse venant rappeler les miracles de la religion. Pas de chevalier, ni de prince non plus. Non, ici, le héros est pauvre, modeste cordonnier ou humble tailleur, et doit faire face à un monde gouverné par de puissants goyim - empereur, seigneur ou évêque - qui lui sont souvent hostiles. Mais son astuce ou sa bravoure lui permettent de triompher des obstacles, puis d'en être récompensé.
Ces histoires simples, souvent teintées d'humour, baignant dans un quotidien typique, font ainsi revivre tout un monde aujourd'hui disparu. Provenant de Lituanie, de Pologne ou d'Ukraine, elles constituent un ensemble émouvant et unique car, au-delà des horreurs du siècle, la voix de leurs conteurs nous est heureusement parvenue.
Né à Vilnius, en 1881, Y.-L. Cahan s'intéresse, dès l'âge de quinze ans, au folklore de sa communauté et devient vite le meilleur connaisseur des traditions populaires juives. Il meurt à New York, en 1937.