Quelles relations l’histoire et la théorie de l’art entretiennent-elles avec le fantasme ? Et par quels mécanismes – tant psychanalytiques que philosophiques, historiques, sociaux ou politiques –s’articulent-elles au sein des discours sur l’art ? L’autrice, qui s’appuie sur les travaux de la philosophe française Sarah Kofman, aborde cette question en examinant les oeuvres, exemplaires à cet égard, de deux historiens-théoriciens de l’art considérés aujourd’hui comme des figures intellectuelles incontournables : l’Américain Michael Fried et le Français Georges Didi-Huberman. En étudiant ces deux « cas » de façon approfondie, elle met en évidence la formation de véritables « systèmes fantasmatiques » et, avec une approche psychanalytique et féministe inédite dans le domaine, montre comment le genre et la différence sexuelle – et plus particulièrement les structures et les motifs liés à la féminité ou à l’ambivalence sexuelle – sont des objets de négociations complexes, de conflits et de compromis à l’intérieur même de ces systèmes. À partir des positions hystériques, fétichistes, mélancoliques ou encore paranoïaques adoptées par Fried et Didi-Huberman dans leurs écrits, elle tire des conclusions plus générales au sujet de la théorie de l’art en tant que lieu privilégié du fantasme, où se fait jour un devenirfemme des plus équivoques.
- Remerciements
- Introduction
- Chapitre 1. L’économie fantasmatique de la théorie
- Théorie et fantasme
- Théorie et délire
- Formations psychiques et productions culturelles
- La constitution fantasmatique des oeuvres
- Le théorique, le biographique et l’«économie sexuelle» des systèmes philosophiques
- La question des femmes et des mères
- L’ambivalence stratégique
- Chapitre 2. La «féminité» de Michael Fried
- L’autobiographie
- Rationalisation, auto-analyse et reconstruction narrative
- La naissance du «critique-théoricien» ou la conception de «Art and Objecthood»
- La crise d’hystérie
- Le post-partum
- La conversion à l’histoire de l’art
- L’éclatement de «Michael Fried»
- La renaissance de «Art and Objecthood» et le bouclage du cycle antithéâtral
- Le fonctionnement «délirant» du système friedien
- Le «nombril» du système: Courbet’s Realism
- Le(s) positionnement(s) de Courbet’s Realism
- Le «Courbet» de Fried: l’exception
- Un noeud théorique
- Fried féministe?
- Un roman psychanalytique
- La fantasmatique phénoménologique
- Le motif des mains
- La fantasmatique féminine
- Le fantasme de «chair»
- L’économie sexuelle du système friedien
- Chapitre 3. Georges Didi-Huberman: entre hystérie et mélancolie
- Érudition et prime de séduction esthétique
- La matrice du système
- Meurtre des «pères», revenance (ou survivance) de la «mère»
- L’extraordinaire fécondité warburgienne
- Le roman familial élargi: une généalogie allemande
- Une communauté fantasmatique
- Fétichisme dialectique
- La matrice théorico-fantasmatique: entre désir et deuil
- Hystérie, mélancolie
- La fascination du féminin
- L’hystérique ou le devenir-oeuvre de la femme
- L’oeuvre d’art incarnée
- La femme insaisissable
- La nymphe
- Les nymphes: matières, substances et organes
- Les mères mortes
- Les bouches dévorantes
- Les pleureuses
- Conclusion
- Bibliographie
- OEuvres de Michael Fried
- OEuvres de Georges Didi-Huberman
- Références
- Liste des figures
- Table des matières