Dans une démarche généalogique rigoureuse mais accessible, l’auteur repense la spécificité de la grâce chrétienne en relation avec le don cérémoniel des cultures traditionnelles. Il tient également compte des modalités de la reconnaissance dans les sociétés contemporaines. À partir d’une lecture croisée des travaux de Marcel Hénaff et de Louis-Marie Chauvet, il pose un regard réflexif sur les conditions modernes du lien social. Il fait également entendre les résonances actuelles de l’alliance chrétienne et de la grâce, particulièrement en ce qui concerne l’avènement du sujet, le lien ecclésial, la vie sacramentaire et la participation des Églises à la société civile.
- PRÉFACE
- L’horizon choisi
- Faiblesses des sociétés contemporaines
- Statut et forme de la réponse humaine en christianisme
- Enjeux publics d’une mise en avant de la reconnaissance; vers une refonte du politique?
- Remerciements
- Introduction
- Le don et sa diversité: les formes de la reconnaissance
- Petite histoire théologique de la grâce dans le christianisme
- Marcel Mauss et le don «en vue des dieux et de la nature»
- L’horizon d’une recherche théorique
- Première partie. Du don rituel au régime de la grâce, avec Marcel Hénaff
- 1. Les sociétés segmentaires et le don réciproque cérémoniel
- Ce que le don réciproque cérémoniel n’est pas: les difficultés liées au vocabulaire
- Le don cérémoniel, une procédure publique de reconnaissance réciproque
- Le lien social dans les sociétés segmentaires (ou traditionnelles)
- Penser l’obligation de donner avant l’obligation de rendre
- La rencontre de l’étranger chez Homo sapiens
- Le risque et l’ambivalence de la rencontre: l’apprivoisement de l’autre par le rituel
- L’émergence d’un ordre public et politique
- L’alliance matrimoniale
- Le don et le symbolisme
- 2. La part invisible de la reconnaissance I
- La dimension «religieuse» de la reconnaissance par le don
- Ces biens précieux que l’on n’échange pas
- Un don premier et l’exigence d’y répondre
- La dette symbolique comme dette de vie
- L’alliance et la dette de réplique
- L’univers des chasseurs-cueilleurs
- L’alliance, ou la réciprocité horizontale et paritaire
- Le chamane et ces invisibles visibles, les esprits
- Une dette qui n’en est pas tout à fait une
- La filiation et la dette de dépendance
- Les pasteurs-agriculteurs et la domestication
- La filiation, ou la réciprocité verticale et disparitaire
- Les ancêtres et les dieux comme figures de l’invisible
- Une dette qui en est vraiment une
- Approfondissement: le sacrifice rituel comme pratique de don réciproque cérémoniel liée à la domestication
- 3. Les sociétés politiques et le régime de la grâce
- L’émergence du régime de la grâce
- La naissance d’un espace public et d’une nouvelle forme de la parole
- La recomposition du lien social: un donateur unique et des donataires dispersés
- L’impersonnalisation de l’échange des biens utiles
- Approfondissement: une réorganisation du don et du lien social
- La relation verticale au coeur du lien politique
- La relation verticale au coeur des dons individuels
- Le don moral (ou solidaire) qui ouvre sur la mutualité
- Le don gracieux à hauteur d’homme, ou le don de soi au coeur de l’existence
- Un exemple ancien et contemporain: enseigner
- Approfondissement: la mutualité, une réciprocité constitutive qui persiste
- 4. La part invisible de la reconnaissance II
- Fécondités et limites de la relation verticale
- Dans les sociétés segmentaires
- Dans les sociétés politiques
- L’ambivalence de la grâce : une dette paradoxale
- Pour «tous la même dette à honorer», le même don à imiter
- Un don capable d’écraser et de libérer
- L’opacité des intentions
- Les nouvelles modalités de la relation à l’invisible donateur
- Éthique et intériorité
- L’écriture et le développement des pensées du don
- La prière comme forme non rituelle de pratique religieuse
- L’innovation chrétienne dans la relation éthique et intérieure à la divinité
- 5. La grâce chrétienne et ses implications sociales
- Héritages sémitiques
- Le christianisme: un «dispositif symbolique» unique
- La prédication de Jésus
- La relecture de Paul: le «don parfait» du Christ
- Le christianisme, l’argent et le lien social en question
- La légitimation du marchand et la critique de l’usure chez les théologiens médiévaux
- La grâce et ses éthiques au sortir de la Réforme
- Max Weber sur l’éthique protestante et sur la prédestination
- Bartolomé Clavero sur l’éthique catholique de la fraternité et sur la charité
- La grâce chrétienne et ses déclinaisons: deux éthiques pour deux socialités distinctes
- Passage vers la deuxième partie
- Deuxième partie. La grâce chrétienne et le don rituel, ave cLouis-Marie Chauvet
- 6. La liturgie eucharistique et la médiation de la reconnaissance
- La présentation rituelle des dons
- L’implication de l’assemblée et de ses membres
- En amont du geste, la prière universelle et la vie imparfaite du peuple
- Le pain et le vin: un ancrage biblique
- Des dons qui sont des contre-dons
- La présentation des dons dans les premiers siècles de l’Église
- La prière eucharistique: un «itinéraire de conversion»
- Le temps de la réception des dons par Dieu: un temps de suspension
- Une analyse narrative de la prière eucharistique II
- Le programme narratif principal: rendre grâce à Dieu
- Les trois sous-programmes narratifs: l’inversion des positions
- Les trois sous-programmes narratifs: recevoir le don du Fils sous un triple mode
- Les trois sous-programmes narratif : don, réception, contre-don
- Les rites de communion: le renouvellement de la grâce divine
- En amont: le récit de l’institution
- Recevoir et interpréter à nouveau le don de Dieu
- Le rite préparatoire de l’échange de paix
- L’inscription paradoxale de la grâce dans l’humanité, ou la grâce en excès
- Le rite préparatoire de la fraction du pain
- Les trois niveaux du «procès d’eucharisticité»
- 7. L’environnement chrétien du don ou l’extension trinitaire de la grâce
- Pôle théologique: la création, ou le don premier du cosmos et de la vie
- Une création bonne, très bonne
- La faute, ou la réception dramatique du don premier
- Vers un renouvellement du don
- Pôle christologique: le don premier qui va jusqu’au bout
- La priorité de Pâque pour penser jusqu’au bout l’incarnation
- Le don dans l’abandon
- Un Dieu qui s’offre lui-même
- Un don divin capable de renouveler le don humain
- Pôle pneumatologique: le don de l’Esprit
- «Participer» à la grâce de Dieu
- Un don qui renouvelle, mais de manière insaisissable
- Un horizon eschatologique
- Vers une dynamique de reconnaissance qui travaille l’existence
- Un «ensemble symbolique» ouvert et articulé à des pratiques relationnelles instituantes
- Devenir chrétien et venir à la foi, selon Luc
- Vers une «structure de l’alliance »comme dynamique de reconnaissance
- L’assemblée convoquée et la subversion du rituel
- 8. Généalogie de l’eucharistie I. De la ritualité juive à la liturgie des premiers chrétiens
- Le récit de l’oblation des prémices (Dt 26, 1-11) et l’alliance
- Le don de la terre, la royauté et la centralisation du culte
- Un mémorial de la grâce de Dieu, au coeur de l’offrande rituelle
- L’insuffisance rituelle: le lévite, l’émigré, l’orphelin et la veuve
- Les sacrifices hébraïques en question: de la période royale au «repas du Seigneur»
- La centralisation du culte et l’acceptation de l’abattage non sacrificiel: conséquences
- De l’abattage non sacrificiel au repas rituel juif
- De la critique prophétique à la spiritualisation du sacrifice
- La critique hellénistique des sacrifices et le vocabulaire eucharistique chez Philon d’Alexandrie
- Le repas festif juif et l’eucharistie chrétienne: enracinement et déplacement
- Synthèse anthropologique
- Le «détournement» du vocabulaire cultuel et sacrificiel dans le Nouveau Testament
- La «déchirure pascale» comme renouvellement de l’alliance et de la grâce
- Un détournement vers le Christ et vers la vie quotidienne: l’Épître aux Hébreux
- La collecte de Jérusalem et «l’offrande des païens» en Rm 15, 14-32
- Une collecte comparable à d’autres
- La collecte comme offrande (rituelle) qui rend grâce à Dieu
- 9. Généalogie de l’eucharistie II. Les transformations des pratiques etdes théories
- Les pratiques de l’eucharistie: entre communion fraternelle, dévotion et expiation
- La koinônia néotestamentaire, les repas de charité, et l’agapè
- De la maison à la basilique
- La dignité des mains: la fabrication cléricale du pain et la communion sur la langue
- La multiplication des messes privées et la raréfaction de la communion
- Critiques et réformes protestantes et catholiques
- Le vocabulaire sacrificiel et l’eucharistie: une réhabilitation théologique ambiguë
- Irénée de Lyon et le «sacrifice véritable»
- Augustin et le «sacrifice invisible»
- L’affirmation progressive du vocabulaire «sacral» aux IIIe et IVe siècles
- Le réalisme eucharistique et le «saint sacrifice de la messe» au Moyen Âge
- La réaction réformatrice au XVIe siècle et les impassesde la théologie post-tridentine
- Le concile Vatican II: un rééquilibrage bienvenu
- 10. Fécondités et limites d’une médiation de la grâce
- L’émergence du christianisme et la reconfiguration des liens
- «Et qui est mon prochain?» D’une question légale à une interpellation éthique
- Devenir le prochain de l’autre concret: une interpellation morale et ses enjeux théologique, éthique, social et politique
- Retours sur la théologie de Paul, l’Épître aux Hébreux et la koinônia
- Qui peut participer au repas du Seigneur?
- Les enjeux d’une médiation de la grâce
- De la réponse au don de la grâce comme possibilité désirée
- La grâce chrétienne et la dette
- Passage vers la troisième partie
- Troisième partie. La recomposition moderne de la reconnaissance et de ses médiations
- 11. Les conditionsde la reconnaissance dansl es sociétés étatiques modernes
- Les trois sphères de la reconnaissance
- Articulation des sphères de reconnaissance et des différentes pratiques de don
- Retour sur le cas exemplaire de l’enseignement
- Les empiétements de l’échange marchand
- L’échange marchand et l’exercice de la justice
- Les empiétements de l’argent et l’aplatissement par l’économique
- Le déficit symbolique des sociétés modernes
- Un lien social fragile en manque de concrétude
- La société de consommation selon Jean Baudrillard: le rapport social sans la relation concrète
- Grandeurs et misères de la société civile et des communautés
- 12. Les appartenances religieuses, le lien social et le catholicisme québécois
- La sphère commune de la reconnaissance et la pluralité des appartenances
- Limites et fécondités des appartenances religieuses
- Dynamiques communautaires émergentes: le cas du catholicisme québécois contemporain
- Une diversité de petites communautés ecclésiales
- Convergences et divergences
- Et les paroisses? Le défi de la conjugaison entre communautés et assemblée
- Les effets de la socialité urbaine et moderne sur la vie des Églises
- La résilience d’une vieille utopie: la koinônia universelle
- Les Églises chrétiennes dans un monde pluriel et complexe
- Quelques enjeux ecclésiologiques et théologiques du pluralisme
- Accompagner la complexité du monde et ses luttes pour la justice
- Conclusion
- Une généalogie anthropologique et politique de la reconnaissance
- La grâce chrétienne et la reconfiguration trinitaire et eucharistique des liens et de la reconnaissance
- La reconnaissance et les héritages de don dans les sociétés étatiques modernes
- Retour sur un geste théologique
- Le déplacement de la sacramentalité dans un christianisme éclaté
- Références
- Table des matières