Depuis Mai 68, on a l’habitude de voir des jeunes gens rallier une foule, former une foule, mais cela n’a pas toujours été le cas. Les grands mouvements politiques des années 1920 et 1930 ont amené diverses personnes à se joindre à des rassemblements urbains, dont une catégorie de la population nouvellement prise en compte : les adolescents. Leur introduction dans les masses humaines a généré plusieurs récits tout au long de l’entre-deux-guerres. Ce sont ces récits qu’étudie ce livre, lequel tente de comprendre pourquoi l’association de la foule et de l’adolescent figure avec autant de force dans plusieurs textes littéraires de la première moitié du xx e siècle. Par le biais de lectures sociocritiques des Beaux quartiers de Louis Aragon (1936), de La conspiration de Paul Nizan (1938) et du Sursis de Jean-Paul Sartre (1945), il montre comment ce motif particulier permet de révéler des tensions qui traversent l’imaginaire social. L’étude convoque en appui à la démonstration nombre de fictions (Les Thibault, Mort à crédit, Les hommes de bonne volonté, La chronique des Pasquier, etc.) qui entrent en rapport avec ces trois œuvres. Toutes ces publications littéraires sont lues en interaction avec un ensemble composé de textes médicaux, politiques, religieux et urbanistiques.
- Avant-propos
- INTRODUCTION
- Trois phénomènes concomitants de l’entre-deux-guerres
- La naissance de l’urbanisme: pour un nouveau «Paris nouveau»
- Écrire la ville au XXe siècle
- Une contemporanéité problématique
- L’ère des foules
- La foule comme chronotope romanesque
- Un répertoire métaphorique ancien
- La foule au XXe siècle
- La foule romanesque au XXe siècle
- L’«entre-deux-âges» et l’entre-deux-guerres
- Une «foule d’adolescents»
- PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE
- Aragon, Nizan, Sartre… et les autres
- APPROCHE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE
- La sociocritique
- L’imaginaire social
- Le concept de chronotype
- Figures allégoriques de la modernité baudelairienne selon Benjamin
- «L’homme en littérature» du chronotope bakhtinien
- Le chronotype romanesque de l’adolescent dans la foule
- CHAPITRE 1
- En quête d’une communauté idyllique réaliste: Les beaux quartiers de Louis Aragon
- Lignes de fuite
- Survalorisations linguistiques et stylistiques
- La «puissance incantatoire» des mots
- Faute d’avouer
- La force du verbe
- Un choeur dysharmonique
- Sémiotisation de l’enfermement
- «Et comme Perceval au jardin de sa mère»
- À la dérive»
- Idylles de substitution
- «Rêver au-delà»
- Le chronotope de l’idylle
- Fuites idylliques
- Idylles d’opérette
- «Fuyez l’heure des éclairs supérieurs»
- «Rêve de valse»
- Le miroir tournant
- Une idylle suburbaine
- À l’abordage de Paris
- «Bicoques, fortifications, zone, Paris»
- «Creuse et ouvre plus vite le sillon que tu avais commencéà ouvrir»
- Une idylle engagée?
- CHAPITRE 2
- Rêver la Révolution La conspiration de Paul Nizan
- Le «mauvais âge»
- Surcharges linguistiques et stylistiques
- Jeunes coqs
- Une langue d’adolescents
- La langue de L’adolescent
- Un style baroque
- Sémiologie des lieux
- L’enfermement par les signes
- Enferrés par les mots dans la caverne de Platon
- «Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse»
- Les décalages du temps
- Les tard venus
- S’attendre au pire
- Les condamnés sursitaires
- Le grand rituel
- Une analepse déterminante
- Pourquoi Jaurès?
- Quel Jaurès?
- Une ellipse qui en dit long
- De la complicité à la communauté
- CHAPITRE 3
- Au seuil de la révolte Le sursis de Jean-Paul Sartre
- L’adolescence: le sursis avant l’âge de raison
- Paroles adolescentes: entre la clôture moraliste et l’ouverture lyrique
- Préceptes juvéniles
- Détournements poétiques
- Les âges de la vie
- Vieillir, c’est un peu mourir
- Attendre que jeunesse se passe
- La conquête du territoire
- Errabundus sed non lætus
- S’ouvrir des portes
- Frapper un mur
- Déjouer les cerbères
- Briser l’isolement
- «J’existe, moi, et je vous vaux.» (904)
- Une mobilisation massive
- La création d’une communauté posthume
- «Puisqu’il était maudit, s’il se transformait en élu?»
- Au-dessus de la mêlée: Jacques martyr
- Un sacrifice spe(cta)culaire: Philippe martyr
- Comment sort-on de l’adolescence?
- Conclusion
- Une tache aveugle: l’adolescente dans la foule
- De l’adolescent à l’«adulescent», de l’«ère des foules» à la «culture de masse»
- Sortir de l’adolescence
- Bibliographie
- Index des noms propres
- Table des matières