Y eut-il, entre 1919 et 1939, un fascisme proprement français ? Oui, contrairement à ce qu'affirme depuis longtemps l'historiographie française. La base de ce fascisme était-elle idéologique ? Non, affirme Michel Lacroix : elle était d'abord esthétique. Son ouvrage vise à montrer que tout du fascisme naît de l'esthétique ou y aboutit. Les discours, les pratiques symboliques et les textes littéraires ne cessent de le répéter : « Qui dit fascisme dit avant tout beauté » (Benito Mussolini). Qu'est-ce qu'un chef ou un héros pour les artistes fascistes ? Quelles valeurs cherchent-ils à promouvoir chez les jeunes en Allemagne, en Italie et en France ? À quel spectacle politique consacrent-ils leurs efforts ? Voilà les trois principales questions auxquelles répond Michel Lacroix. Pour y arriver, il est allé relire Drieu la Rochelle et Céline, mais il s'est aussi intéressé au scoutisme et à l'olympisme, à la sculpture comme au cinéma. C'est ce qui lui a permis de comprendre les rapports troubles du pathos, de l'exhibition, du sublime, de la violence et de la mort dans le fascisme français de l'entre-deux-guerres. Michel Lacroix est professeur au Département de français de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il a publié des articles sur Louis-Ferdinand Céline, Drieu La Rochelle, Jean Paulhan, Robert Brasillach, les sociabilités intellectuelles au Québec et en France. De la beauté comme violence est son premier livre. • Finaliste, Grand Prix France-Québec Jean-Hamelin, 2004 • Prix de l'Association des professeurs de français des universités et collèges du Canada, 2005 • Prix Raymond-Klibansky de la Fédération canadienne des sciences humaines (2004-2005)
- Table des matières
- Remerciements
- Liste des abréviations
- Avant-propos
- Introduction
- I. France, fascisme, esthétique
- A. Définir le fascisme
- B. Définir une esthétique fasciste
- C. De quelques thèses sur l’esthétique fasciste
- II. Sociocritique et discours social
- CHAPITRE 1 « Ce fort, ce libre, ce héros » : le culte du chef
- I. Les faveurs du chef
- A. Figures du charisme
- B. Le charisme esthétique, ou le grand œuvre du grand homme
- C. Prophète, sorcier, guerrier : Visages du Chef
- II. « Être héroïque ou périr » : le discours fasciste sur l’héroïsme
- A. La statue du héros
- B. Réminiscences esthétiques
- III. Le héros de cette histoire…
- A. Dissolution et renouveau de l’héroïsme
- B. Comédie et exaltation : le chef entre en scène
- C. À l’ombre du chef : le héros bancal
- CHAPITRE 2 Le fascisme en culottes courtes : le discours fasciste sur la jeunesse
- I. L’âge de la jeunesse
- A. Naissance d’une notion : la jeunesse
- B. D’une jeunesse l’autre
- C. Muscler et bronzer la jeunesse : l’olympisme
- D. L’entre-deux-guerres
- E. Les mouvements de jeunesse
- II. « Le fascisme est jeunesse, donc beauté »
- III. Le discours de la jeunesse
- A. La jeunesse non conformiste
- B. « Rendre son âme à la France » : les mouvements de jeunesse
- C. « Fascistes parce que jeunes »
- D. La jeunesse à l’extrême droite
- IV. Mourir à trente ans : Robert Brasillach
- CHAPITRE 3 « Le défilé de l’orgueil » : le spectacle politique fasciste
- I. Le spectacle du pouvoir
- A. La place du roi, le corps de la foule
- B. Le spectacle de la III[sup(e)] République
- C. Où la manif se fait fête : le Front populaire
- II. Chorégraphies fascistes
- III. Le défilé de l’orgueil
- A. Coups de foudre fascistes
- B. « Oh ! La belle armée ! »
- C. La foule (en) uniforme
- D. Le « dressement » viril
- IV. « Ce que j’aime dire : nous » : esthétique fasciste et collectivité
- A. Les jeunes nus
- B. La danse fasciste
- CONCLUSION: L’esthétique fasciste : « du sang, de la volupté et de la mort »
- I. L’esthétique fasciste
- A. Une beauté pathétique
- B. Une beauté exhibée
- C. Une beauté sublime
- D. Une beauté violente
- E. Une mortelle beauté
- II. Kitsch, fascisme, romantisme
- III. Pars destruens : fascisme et laideur
- IV. Fascisme, esthétique et recyclage
- V. Fascisme et littérature
- Bibliographie
- Index