Oeuvres de Mathieu Auguste Geffroy

Oeuvres de Mathieu Auguste Geffroy

"Il paraît certain que le traité conclu le 21 novembre 1855 par la Suède avec lespuissances occidentales doit être compté parmi les causes qui ont hâté la conclusion de lapaix générale, en faisant craindre à l’empereur Alexandre II une défection imminente desétats secondaires. À ceux qui regretteraient que ces états n’eussent pas, dès l’ouverture deshostilités, fait une déclaration de nature à empêcher la guerre, on doit rappeler quel’Allemagne avait à donner l’exemple. La Suède, dont la capitale était hier encore à vingtlieues des canons russes, la Suède, sentinelle avancée sous les retranchemens ennemis, nepouvait jeter le cri d’alarme que si elle savait le gros de l’armée prêt à s’engager avec elle.Une fois qu’elle eût été aux prises, il eût fallu la seconder, la sauver peut-être de grandspérils, et cependant les chaloupes canonnières qui devaient se joindre aux siennes n’étaientpas en mesure. Toutefois la Suède n’a point mérité qu’on doutât de son initiative et de sarésolution : elle s’est offerte à l’alliance occidentale, on le verra par la suite de cette étude,sinon dès l’ouverture de la guerre, au moins dès la fin de la première campagne, bien avantla chute de Sébastopol. Elle espérait que les hostilités, s’étendant au Nord, viendraientréaliser ses désirs les plus chers, c’est-à-dire l’affranchir enfin de l’influence excessive de laRussie, en lui rendant cette Finlande, dont la perte est pour elle une blessure qui ne sefermera pas. La paix a paru tromper ces espérances. En ce moment, le roi Oscar institue descommissions que doit présider le prince royal, et qui s’occuperont de fortifier Stockholm etla côte orientale ; une partie du crédit accordé par la dernière diète en vue des nécessitéséventuelles de la guerre vient d’être mise, par ordre du roi, à la disposition dugouvernement. Le rétablissement de la paix générale serait-il donc aux yeux de la Suède unesource d’inquiétudes nouvelles après sa conduite hardie ? Nous ne le pensons pas.L’occasion a pu paraître favorable au gouvernement suédois de continuer sur ses côtesorientales les fortifications que Bernadotte lui-même, bien instruit du danger, avaitconseillées et commencées ; mais le traité du 21 novembre et la paix de Paris ont modifiéprofondément la situation de la Suède en face de ses redoutables voisins, et l’ont endéfinitive affranchie. L’histoire des rapports de la Suède avec la Russie depuis 1812montrera l’importance des résultats aujourd’hui obtenus. Une période nouvelle commencepour ce royaume. Depuis quarante ans, il était mal à l’aise, et pliait presque sous le poids del’alliance conclue en 1812. La Suède s’est relevée désormais, et la liberté nouvelle de sonallure profitera au développement intérieur de ses institutions et de toute sa prospérité autantqu’à la dignité rétablie de ses rapports avec le reste de l’Europe".

  • Title Page
  • 1856 - La Suède avant et depuis le traité de Paris
  • 1860 - Le Roi Oscar et les Royaumes-Unis sous son règne
  • 1861 - Affaires du Danemark
  • 1862 - Les Etudes et les Découvertes archéologiques dans le Nord
  • 1871 - La Finlande et le Kalevala, chants et traditions populaires des Finnois
  • 1872 - La Suède sous le roi Charles XV

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