Il existe en littérature une étrange loi de la gravité qui veut que les œuvres comiques ou humoristiques soient négligées par la critique. Pour cette dernière, les plus grandes œuvres sont par nécessité les plus sérieuses.
L’objet de ce livre consiste à proposer une vision nouvelle du corpus du roman français de la première moitié du XXe siècle, en y réhabilitant ce qu’on peut appeler le courant du roman « drôle », illustré notamment par les œuvres de Marcel Aymé, d’Albert Cohen et de Raymond Queneau. Chez ces auteurs, le rire, l’ironie, la légèreté, le jeu, la fantaisie occupent une place de tout premier plan.
En rapprochant trois œuvres indépendantes qui se jouent avec le même humour des conventions de l’écriture, Mathieu Bélisle nous fait découvrir une toute nouvelle image du roman français.
Mathieu Bélisle a obtenu un doctorat en littérature à l’Université McGill et mène des recherches postdoctorales à l’Université de Chicago. Il a publié des études sur le roman contemporain, notamment dans les Cahiers Albert Cohen, Les Amis de Valentin Brû, Études françaises et Humoresques. Ses travaux actuels portent sur la définition du personnage dans les romans français et québécois.
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Table des matières
- Remerciements
- Avant-propos
- Liste des abréviations
- INTRODUCTION
- Le roman, un art sérieux?
- Le XX[sup(e)] siècle et la remise en cause de l’héritage réaliste
- Le retour à Rabelais
- L’invention du drôle de roman
- But du présent ouvrage
- PREMIÈRE PARTIE: La comédie au secours du roman
- 1. Profiter des ressources de la comédie
- Aymé: occuper l’espace laissé vacant par la comédie
- Queneau: la liberté de la comédie
- Cohen: faire entendre la voix du personnage
- 2. La mise à mal de l’intériorité
- Des personnages transparents
- L’enfermement du moi
- Le jeu du corps
- Des pantins désarticulés?
- 3. L’impératif ludique
- Des joueurs sereins
- Des mises en scène à grand déploiement
- Des héros de comédie
- Jules Haudouin: héros par hasard
- Mangeclous, entre prolifération et avalement
- 4. Les visages du conflit
- La Jument verte: la rumination de la farce
- Mangeclous: un monde déserté par le conflit
- Gueule de Pierre: le triomphe du comique sur l’épique
- 5. L’humanité comme parasite
- Des hommes sans qualités
- Épilogue
- DEUXIÈME PARTIE: La communauté des rieurs
- 6. L’éclosion de la communauté des rieurs
- La foule rieuse comme personnage romanesque
- Une figure d’exception
- Le désir de communauté
- La Jument verte, parodie du roman expérimental
- 7. Des communautés hors des murs
- L’apport de la comédie et de la parodie
- L’appel de l’ailleurs
- Aymé et la ruralité fabuleuse
- Le palimpseste cohénien
- Queneau et les choses cachées
- 8. La violence des rieurs
- Le caractère problématique du rire sacrificiel
- Les ratés du rire sacrificiel
- Une rivalité polémique
- Cohen et l’innocence du poète
- Aymé, mauvaise conscience de la poésie
- Queneau: la subjectivité mise en cause
- 9. Une communauté à échelle humaine
- Le roman comme espace d’accueil
- Le romancier parmi les rieurs
- La conscience prosaïque
- Épilogue
- TROISIÈME PARTIE: Les dérèglements de l’enchantement
- 10. Quelques considérations théoriques
- Le roman et le désenchantement du monde
- Le rire comme agent du dérèglement
- 11. Les réminiscences du sacré
- Les divinités familières
- Des démiurges dérisoires
- Quelques naissances
- La jument verte: une nativité comique
- Mangeclous: le malheur d’être né
- Gueule de Pierre et la Ville Natale: des personnages embryonnaires
- 12. Les métamorphoses du merveilleux
- Le merveilleux et le non-sérieux
- La suspension de l’adhésion
- Le contre-exotisme
- 13. L’épreuve de l’ironie
- Le drôle de roman et le surréalisme
- Le merveilleux ayméen et ses paradoxes
- Cohen et Queneau: la fabulation comme désinvestissement du réel
- L’immaturité des personnages
- Épilogue
- CONCLUSION (OU PETIT ÉLOGE DE LA DRÔLERIE)
- L’épreuve des lectures sérieuses
- Des romans sans postérité?
- Le cas d’Anatole France
- L’étrange permanence de l’imaginaire comique
- Le drôle de roman: une contribution essentielle à l’histoire du roman
- Bibliographie