La lutte de Vercingétorix — (alliance des Gaulois divisés, victoire de Gergovie, défaite d'Alésia et reddition à César) — est inscrite dans la mémoire des Français comme un premier drame national. Mais comment un idéal politique a-t-il pu se façonner autour d'un héros vaincu dont on sait, en fait, peu de choses ?
Par l'étude des historiens, des écrivains, des manuels scolaires, des discours politiques et des œuvres d'art, André Simon met en lumière la façon dont le chef gaulois s'imposa peu à peu pour devenir, au XIXe siècle et jusqu'à notre époque, le « premier des Français ». La royauté se réclamait de Clovis, fondateur de la monarchie française. Mais les républicains, bientôt suivis de toutes les familles idéologiques, cherchèrent à ancrer la légitimité de leur pouvoir en Vercingétorix.
Ce champion de l'indépendance, de la liberté de l'unité nationale, représenta dès lors pour tous la nouvelle incarnation de la patrie. Salué pour sa bravoure et le sacrifice qu'il fit de sa personne pour épargner les siens, plaint pour son martyre, Vercingétorix, tout comme Jeanne d'Arc, offre dans les grands revers nationaux un mythe consolateur où le vaincu apparaît plus noble que son vainqueur, et garantit ainsi la résurrection de son pays.
A l'heure où les métamorphoses de notre société suscitent des interrogations sur les problèmes d'identité, cet ouvrage original permet, à travers un modèle, de mieux comprendre l'élaboration, et l'utilisation à des fins souvent antagonistes, des fondements mêmes de l'idéologie française.
André Simon est docteur en histoire.